Après la Crise !

Après la Crise que nous vivons, la crise du Covid19 tout devrait changer. Quels changements faut-il espérer ? L’idée de progrès serait-elle désormais régressive ? Faut-il préférer un rebond de la croissance ou la décroissance ? Faut-il agir politiquement : Poursuite de la mondialisation ou relocalisation économique ? Quelle gouvernance mondiale ? Empire mondial ou république universelle ? Pour faire travailler les Européens, et surtout les Français, de façon plus efficace. Gestion de la main d’œuvre en flux tendu ? Ou association du travailleur à l’entreprise ? En ce qui concerne la France, quelle évolution sociétale ? Communautarisme à l’anglo-saxonne ? Ou République une et indivisible ? De quel type de gouvernement faut-il rêver ? Renforcement du pouvoir présidentiel ? Ou rééquilibrage avec la représentation populaire ? Quelle doit être la place des services publics dans la République ? Gestion nationalisée et exclusivité ? Ou privatisation et concurrence ? La répartition de la richesse dans un système mondialisé : Ruissellement ou redistribution ? Quelle éducation donner à la jeunesse ? Éducation citoyenne par les fonctionnaires de l’Éducation Nationale ? Ou éducation par la famille, les religieux et l’enseignement privé ? Quelles valeurs faut-il donner comme références à la jeunesse ? Valeurs humanistes et au sommet la dignité humaine ? Ou valeurs techniques et au pinacle la fortune ? L’individualisme et le sentiment de solidarité : Solidarité citoyenne ou solidarités communautaires ?

Maintenant, il faut bien voir que la complexité humaine supporte mal les solutions extrêmes. L’humaniste, attaché à la libre autonomie des individus et à l’organisation libérale et pacifique des sociétés, sera donc souvent conduit à remplacer le soit-soit par du « et en même temps ». Il s’agira alors de mesurer jusqu’où il faut aller, dans un sens ou dans l’autre, pour assurer un progrès véritablement humain.

Rien ne sera plus comme avant? Peut-être! Mais il n'est pas impossible que "tout change, pour que rien ne change".

Traitement des réfugiés

En 2015, des organisations humanistes ont signé une déclaration appelant les gouvernements européens « à mettre en œuvre les politiques communes indispensables à un accueil digne et humain de populations en détresse et en péril ». Trois ans plus tard, l’OCDE vient d’émettre un rapport pointant l’intégration insuffisante des migrants, notamment dans les pays européens. S’agissant du bilan de la France sur ce sujet, il m’apparaît bien médiocre, si je me réfère aux valeurs humanistes et fraternelles de notre République.

D’un côté, il y a le traitement des demandes de droit d’asile et de reconduite à la frontière. Pour ne citer qu’un exemple, la France a été condamnée par la CEDH en 2016 dans 5 dossiers différents, pour les conditions dégradantes d'incarcération des très jeunes enfants avec leurs parents dans les centres de rétention administrative.

De l’autre côté, les migrants autorisés à rester sur le territoire ont d’importantes difficultés à s’intégrer économiquement et socialement : ils concentrent davantage de problèmes de chômage, de scolarisation, de délinquance et de criminalité, sans parler des actes de racisme et de xénophobie dont ils sont les victimes.

C’est sur le volet de l’intégration que je voudrais m’attarder un peu en partageant avec vous le décentrage auquel j’ai été confronté à Berlin, en septembre dernier. On m’a en effet offert l’opportunité d’y visiter un centre d’accueil pour femmes réfugiées, enceintes ou jeunes mères. Ces femmes ont déjà reçu l’autorisation de rester en Allemagne, l’enjeu porte donc sur leur intégration sociale. Je voudrais partager avec vous l’accompagnement bienveillant, progressif et émancipatoire qui caractérise la vie du Centre et qui m’a profondément marqué.

Violence et humanisme

Violence choisie ? violence subie ?

Ce mot, violence, nous l’entendons ou le lisons tous les jours : dans les médias, au travail, en famille, dans la rue, … Son usage abusif, sa banalisation, en ont affaibli le sens qu’il nous faut redéfinir.

Violence : forme francisée du substantif latin violentia, l’adjectif violent reprenant le violentus latin, ces mots étroitement parents du verbe violare. Que l’on se reporte aux traductions du Gaffiot, ou encore aux explications du Littré, le terme de violence comporte l’idée d’une force contraignante exercée par les uns sur les autres dans un but de domination.

C’est cet aspect de la violence dont je me propose de parler en laissant de côté les violences naturelles, telles les tempêtes, séismes, tsunamis..., les violences animalières comme celles du chat vis-à-vis de la souris avec laquelle il joue avant de la croquer, celles du lion plongeant sa gueule sanglante dans les entrailles de la gazelle encore vivante, ou encore les violences répertoriées dans le Code Civil aboutissant au « dam » ou au « dol »....

Le sociologue Michel Wieviorka pense lui-même que la violence est complexe à définir car elle s’envisage sous deux perspectives distinctes, voire opposées : d’un côté son objectivité, sa rationalité, sa factualité, puisqu’elle se compte en nombre de victimes ou de destructions matérielles, et d’un autre côté, sa subjectivité telle qu’elle est vécue, observée, représentée, voulue ou subie.

Plus simplement, dans Léviathan, Thomas Hobbes dit à propos de la violence : « Si deux hommes désirent la même chose alors qu’il n’est pas possible qu’ils en jouissent tous les deux, ils deviennent ennemis : et dans la poursuite de cette fin (qui est, principalement, leur propre conservation, mais parfois seulement leur agrément) chacun s’efforce de détruire ou de dominer l’autre ».

Ce thème arrêté, fallait-il y trouver un titre. Je dois admettre avoir été indécise gardant à l’esprit que la violence est un sujet trop grave pour être traité à la légère, trop vaste pour prétendre l’épuiser, aussi me suis-je appliquée à l’étudier dans ce qu’elle a de « choisi » ou de « subi » sans exclure qu’elle peut être les deux à la fois, d’où mon titre : Violence choisie et/ ou violence subie ?

Choisir, qu’est-ce ?

Ce mot apparait en vieux français sous la forme « cosir » qui veut dire voir, apercevoir, découvrir. Il est de racine germanique repris du gothique, il est à rapprocher du verbe latin "optare" qui suppose un examen, une recherche avant le choix et qui équivaut à « prendre parti ».

Subir, qu’est-ce ?

Il n'y manque que le "e" final pour avoir le mot latin "subire", littéralement "aller sous" : selon Littré, "passer de gré ou de force sous ce qui est prescrit, infligé"- exemple : subir le joug, l'oppression, passer sous les fourches Caudines...

C’est donc en fonction de ces définitions et des idées qu’elles recouvrent que j’ai voulu traiter de la violence, de l’image qu’elle renvoie, des sentiments qu’elle m’inspire, rechercher ses mécanismes et, pour finir, faire partager mes interrogations.

Spontanément, on entend que la violence est voulue ou « choisie » par celui qui l’exerce et « subie » par celui qui en est victime. Mais peut-on dire qu’un acte brutal, une agression, puissent être « choisis » ? Par celui seul qui en est l’auteur, ou par celui qui en est la victime ? Par les deux peut-être ?

Subie ou choisie, la violence est une préoccupation centrale de notre société.

Peut-on débattre sans haine sur internet ?

Propos liminaires.

           Je suis  tout sauf un spécialiste d’Internet. Je ne possède ni compte Facebook, ni tweeter, ni Lindekin etc… A peine suis-je un utilisateur basique des messageries et de Google. Il ne s’agira donc pas d’un travail sur les modes d’expression et les processus des débats et forums sur le web, mais la manifestation d’une sorte d’effarement devant le développement et la puissance d’Internet et des réseaux sociaux.

D’abord une anecdote révélatrice.            Dans la banque où travaille mon fils le digital a pris, comme dans tous les établissements financiers, une place prépondérante. Les responsables de l’informatique se sentent parfois investis d’un savoir et d’un pouvoir qui vont au-delà de leurs compétences. Avant  l’élection américaine l’un d’eux avait prévu le plus sérieusement du monde la victoire de Trump. Pourquoi? Parce qu’il envoyait plus de tweets que les autres candidats! Devant ce genre de révélations on est pris entre le rire et l’effroi. Si la production de messages sur les réseaux sociaux n’est plus considérée comme de l’information ou à la rigueur comme l’expression d’une opinion, mais comme un marqueur  politique et idéologique, où va-t-on?

Un dossier du Monde des idées(1) m’a incité à dépasser la seule  réaction affective. Le titre choisi “Comment débattre sans haine sur Internet?” pointait à la fois une  dérive inquiétante et l’éventualité d’une solution. Rappelons qu’Internet se définit d’abord comme un outil, “ Voici une première base d’Internet. Le réseau des réseaux s’est constitué pour qu’une information parvienne à bon port sans entrave ni politique ni commerciale. Le flux est ici l’élément clé (…) Les valeurs et idéologies associées au réseau des réseaux sont donc des valeurs de liberté voire libertaires.” (2) Comment et pourquoi cet outil de communication est-il si  souvent devenu un véhicule de haine?