Les religieux considèrent que la laïcité encourage à l’indifférence envers les religions, et que l’homme sans religion devient fatalement un homme immoral. Car l’individu ne pourrait être porté à une vie morale que par la fonction supérieure de l’âme humaine qu’est la spiritualité, à laquelle il est conduit par sa religion. Dans ces conditions, une vie morale fondée sur une spiritualité sans religion, est-elle possible ?
À l’époque du grand retour des religions que nous connaissons en ce début de 21e siècle, au moment où les religieux tentent de reprendre leur influence sur les esprits et sur la politique, cette question pourrait paraître incongrue à beaucoup. Ils répondraient tout de suite : évidemment non ! Car pour eux la spiritualité ne peut-être que religieuse ; et pour les mêmes, la laïcité ne serait que le masque de l’athéisme ; deux choses qu’ils jugent évidemment inconciliables.
Nous allons essayer d’approfondir, et tout d’abord en cherchant à définir la spiritualité, ce qui nous obligera à réfléchir sur la nature de l’esprit. Nous devrons ensuite éclairer la notion de laïcité et de la spiritualité dans une société laïque, pour finalement discuter la possibilité d’une spiritualité sans religion.