Pour un Humanisme modeste

    Ce titre un peu surprenant peut-être ne se veut ni provocateur, ni ironique. Il ne s’agit pas de remettre en cause l’Humanisme, fondement de la philosophie maçonnique et raison d’être de notre association.

Mais la lecture récente de quelques ouvrages et articles et certaines discussions que nous avons eues au Cénacle m’ont suggèré une réflexion (elle aussi modeste !) sur ce qu’on pourrait envisager comme une dimension quotidienne et sociétale de l’humanisme.

Cette dimension ne relève pas de l’utopie, elle a existé, elle existe toujours, mais elle n’est pas spectaculaire et peu médiatisée. Il semble portant que l’état de notre société rende plus que jamais nécessaire ce modèle d’humanisme. Quelques auteurs (sociologues, enquêteurs…) l’ont récemment évoqué non pour en proposer une théorie (ce serait même le contraire) mais pour en donner des exemples concrets et appeler de leurs vœux l’amplification de ce qui ressemble à un mouvement réel mais sans affiche.

Contestation des Lumières

Le XVIIIe siècle voit la naissance de la modernité rationaliste, créée par les penseurs des Lumières et de son opposé qui prend la forme d'une véritable révolte contre cette vision de l'homme et de la société. Selon l'historien Zeev Sternhell, « la confrontation de ces deux traditions ou cultures politiques constitue une des grandes constantes du monde qui est le nôtre ».

Il est utile, me semble-t-il de connaître les raisons de cette révolte pour en mesurer les conséquences politiques et sociales et la contester à son tour car ses principes peuvent nous paraître dommageables pour notre société.

Pic de la Mirandole

Aux Sources de l'humanisme

Au cours d'une existence courte et terminée tragiquement, Pic de la Mirandole a exprimé une pensée humaniste qu'il voulait conciliatrice, mais qui s'est avérée provocatrice et polémique. On peut voir en lui l'inspirateur de penseurs de la Renaissance comme Lefèvre d'Étaples en France ou Thomas More en Angleterre, et surtout Érasme.

Giovanni Pico della Mirandola[1] est né en 1463 au château de la Mirandole proche des villes de Modène, Ferrare et Mantoue. En 1479, au cours d'un bref séjour à Florence, il se liait d'une amitié fraternelle avec Savonarole. De 1480 à 1482, à Padoue, il étudiait l'œuvre d'Aristote, se familiarisait avec l'averroïsme, étudiait l'hébreu, et commençait l'étude des textes de la tradition hébraïque et des textes en arabe de la tradition « chaldaïque » (livres d'Esdras,  de Zoroastre, et de Melchior). En 1484, à Florence, il se liait avec Laurent Médicis « Le Magnifique ». En 1485 il faisait un voyage à Paris, où lui venait l'idée d'écrire ses thèses pour les proposer à un débat d'universitaires, à une « disputatio » comme on disait alors.

Pour une éducation humaniste

Notre société est devenue dure, l'humain semble y perdre de plus en plus de sa valeur. Cette évolution est particulièrement sensible chez les jeunes. On peut penser qu'il y a là un effort à faire dans le domaine de l'éducation. L'idée serait de faire évoluer le système de formation de la jeunesse pour donner à nos enfants une meilleure éducation, et cela incite à plaider pour une éducation humaniste[1]. Mais les influences politiques et sociétales qui s'exercent sur l'Enseignement, obligent à voir plus large et à rechercher les voies susceptibles d'engendrer une évolution vers une société humaniste par l'éducation.