Les Lumières et l'Encyclopédie

Au 18ème siècle, les Lumières ont prolongé le courant de pensée humaniste né avec la Renaissance et entretenu par les Libertins du 17ème siècle, en engageant la lutte contre le dogmatisme et les superstitions. Il faut avoir le courage de se servir de son propre entendement, comme le disait Kant. Se libérer des préjugés et de la superstition, pour se servir librement de sa raison : c’est cela, être un adepte des Lumières. Descartes déjà[1] appelait « lumière naturelle », la raison délivrée de toute théologie, voire de toute métaphysique. Les Lumières, c’est un idéal de connaissance, de tolérance, de laïcité, de progrès ; c’est le projet d’un être humain lucide et libre. En ce sens, l’idéal des Lumières est de tous les temps. La maxime qui caractérise les Lumières peut être résumée par : « Liberté de penser ! ». Montaigne l’avait faite sienne, les libertins du 17ème siècle s’en emparèrent et Voltaire devait l’illustrer.

L'humaniste confronté à la barbarie

Témoin du renouveau de la barbarie, l’humaniste peut-il se contenter de déplorer passivement ? La fraternité humaine qui le motive et le guide dans ses efforts pour comprendre l’Autre, ne connaît-elle pas là une limite ? N’y aurait-il de lutte possible contre la barbarie, qu’au prix du reniement de son engagement humaniste ? Est-il possible de combattre la barbarie sans ce reniement ?

Ces questions difficiles montrent bien la complexité du problème, qui est celui de la conciliation de deux exigences contradictoires : un engagement humaniste de la plus haute valeur morale confronté à la réalité immorale de la violence barbare.

Dignité de l'homme

Pic de la Mirandole a été, l’un des premiers à poser les bases de l’humanisme. Auprès de Marsile Ficin et sous la protection de Laurent le Magnifique, il fut l’un des plus actifs collaborateurs de l’académie platonicienne de Florence. Il a tenté de concilier la théologie avec la philosophie, la scolastique avec l’humanisme. En 1486 il lançait son fameux défi à tous les savants, pour une controverse sur ses neuf cents thèses[2] : « L’homme ne naît pas homme, il le devient ! » C’est là, pour un humaniste de la Renaissance, que se situe la dignité de l’Homme.

Au 21ème siècle, ce jugement reste au fondement de la notion de dignité humaine. L’être humain doit être considéré à partir de sa liberté d’être et d’évoluer selon son choix. La liberté de l’individu c’est son autonomie, le fait de n’être soumis à aucune puissance extérieure dont il ne puisse se libérer, de n’être soumis à aucune autorité autre que librement acceptée. Sa dignité c’est aussi son droit d’accéder à plus d’humanité, de devenir vraiment  humain par la culture. Ainsi, pour commencer, nous poserons en principe que la dignité de l’être humain est liée au respect de la liberté de l’individu et à son droit à la culture par l’éducation.

Pour un Humanisme modeste

    Ce titre un peu surprenant peut-être ne se veut ni provocateur, ni ironique. Il ne s’agit pas de remettre en cause l’Humanisme, fondement de la philosophie maçonnique et raison d’être de notre association.

Mais la lecture récente de quelques ouvrages et articles et certaines discussions que nous avons eues au Cénacle m’ont suggèré une réflexion (elle aussi modeste !) sur ce qu’on pourrait envisager comme une dimension quotidienne et sociétale de l’humanisme.

Cette dimension ne relève pas de l’utopie, elle a existé, elle existe toujours, mais elle n’est pas spectaculaire et peu médiatisée. Il semble portant que l’état de notre société rende plus que jamais nécessaire ce modèle d’humanisme. Quelques auteurs (sociologues, enquêteurs…) l’ont récemment évoqué non pour en proposer une théorie (ce serait même le contraire) mais pour en donner des exemples concrets et appeler de leurs vœux l’amplification de ce qui ressemble à un mouvement réel mais sans affiche.