L'esprit des Lumières

            Le caractère humaniste des Lumières[1] se révèle dans les trois-quarts de siècle qui précédèrent 1789. Le siècle des Lumières fut une époque, non d'innovation, mais d'aboutissement par la maturation des idées humanistes qui  germaient depuis la Renaissance. Les êtres humains pour la première fois de  l'Histoire décidaient de prendre leur destinée en main. Les Lumières furent à la fois rationalistes et empiristes, universalistes et particularistes, ce fut une époque de débats plus que de consensus. Trois composantes peuvent être identifiées dans le projet des lumières :

La volonté d'autonomie de l'individu, la finalité humaine de ses actes et l'universalité des principes sur les quels doivent reposer les lois régissant la vie en société.

L'homme voulait s'émanciper de toute tutelle extérieure : toute autorité ne pouvant être que naturelle et non surnaturelle, ce qui tendait à produire un monde libéré de la superstition, un monde que l'on a pu dire aussi : « désenchanté ». Toutefois, le courant des Lumières se réclamait, non pas de l'athéisme mais de la religion naturelle, du déisme, et de la tolérance conduisant à la liberté de conscience. À la certitude émanant de la lumière d'en haut, se substituaient le doute et les lumières provenant de la connaissance de la réalité. La connaissance n'avait désormais que deux sources : la raison et l'expérience. Cette libération de la connaissance ouvrit la voie à la science, et de là à l'éducation sous toutes ses formes, de façon à libérer l'homme. Le combat pour la liberté de conscience se prolongea par la demande de la liberté d'opinion et d'expression. La société, dans tous ses secteurs, tendait de ce fait à devenir laïque, quand bien même les individus resteraient croyants. L'être humain était désormais accepté dans son entier et dans sa réalité ; le changement apparut dans la littérature où le héros n'était plus obligatoirement un personnage exemplaire.