Humanisme et Lumières demain

Les idées du Siècle des Lumières sont aujourd'hui, pour de mauvaises raisons, déconsidérées par ceux qui interprètent les grandes catastrophes humaines du 20e siècle comme des conséquences des Lumières et pensent qu'il faut ré-enchanter le monde en se tournant à nouveau vers Dieu et la religion.

Une telle évolution serait une régression, un retour à l'obscurantisme et à la barbarie des guerres de religions ; il nous faut donc trouver les Lumières susceptibles d'éclairer l'avenir de l'humanité pour une marche heureuse vers plus de paix et plus de civilisation.

Les Lumières aujourd'hui

Les idées du Siècle des Lumières sont aujourd'hui déconsidérées, pour de mauvaises raisons, par ceux qui interprètent les grandes catastrophes humaines du 20e siècle comme conséquences des Lumières et pensent qu'il faut ré-enchanter le monde en se tournant à nouveau vers Dieu et la religion. Nous sommes de ceux qui pensent qu'une telle évolution serait une régression, un retour à l'obscurantisme et à la barbarie des guerres de religions ; il nous faut donc trouver aujourd'hui les Lumières de susceptibles d'éclairer l'avenir de l'humanité pour une marche heureuse vers plus de paix et de civilisation.

Kant explique bien l'essentiel sur les Lumières. C'est pour lui la sortie de l'homme de sa minorité, c'est-à-dire d'un état où il est encore incapable de penser par lui-même. Souvent, dit-il, c'est simplement par paresse et lâcheté que l'être humain se maintient dans cet état, parce qu'il a choisi la facilité qui consiste à accepter de penser comme le lui ont appris ceux qui ont autorité sur lui. Au contraire : « Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des Lumières. » Inculquer les Lumières, c'est donc conduire chaque être humain à penser par soi-même. On ne peut y parvenir que lentement, par une longue éducation. Pour cela, il n'est rien requis de plus important que la liberté : celle de faire un usage public de sa raison dans tous les domaines. Renoncer à l'acquisition d'un savoir, alors qu'il est accessible, ce serait aller contre les droits sacrés de l'humanité. C'est pourquoi ceux qui ont acquis des connaissances, doivent avoir le droit de les soumettre au jugement du public. Kant n'est-il pas le meilleur avocat des Lumières ? Toutefois, Kant se situe dans son époque, quand se mettant à la place du Grand Frédéric il recommande : « Raisonnez tant que vous voudrez et sur les sujets qu'il vous plaira, mais obéissez ! »

Altérité, humanisme et fraternité

Le problème de l'altérité[1] abordé ici, c'est notre rapport à l'Autre, la dialectique de Soi et Autrui, de l'identité et de la différence, de l'aliénation de l'Autre ou de la trahison de Soi. En simplifiant, la question pourrait être la suivante : Faut-il voir dans l'Autre un semblable à soi-même ou bien un étranger radicalement autre ? Ou encore : Pour accepter l'Autre, peut-on se contenter de s'attacher à ce qu'il a de commun avec soi, ou bien doit-on le considérer essentiellement dans ce qu'il a de différent ? Et dans ce dernier cas : En quoi une telle conception de l'altérité, c'est-à-dire d'un rapport à l'Autre fondé sur la considération de la différence, et non sur la reconnaissance de la similitude, peut-elle conduire à un débat sur l'humanisme et la fraternité humaine ?

La mise en valeur des différences n'est-elle pas en contradiction avec la prétention de l'humanisme, qui veut offrir à tous les êtres humains des valeurs universelles communes, autour desquelles l'humanité entière serait appelée à se rassembler en fraternité ?

Au fond, le problème peut être ramené à trois questions :

Comment s'établit le rapport à l'Autre ?

Comment faut-il résoudre le conflit des différences ?

Face au problème de l'altérité, quelle est la position de l'humaniste ?

L'humanisme chrétien

Le Mot humanisme est assez récent, puisqu'il n'est entré au Littré qu'en 1880. Il a d'abord désigné le mouvement de pensée de la Renaissance, qui entendait renouer avec la pensée antique par l'étude des auteurs grecs et latins : ce que l'on appelait alors les humanités. Nous avons vu que cette pensée de la Renaissance, a donné le jour à un courant philosophique orienté vers l'émancipation de l'être humain, qui s'est concrétisé au siècle des Lumières et dans la Révolution française. Le sens du mot, avec le temps, devint de plus en plus vague ; à la fin du 19e siècle il recouvrait finalement un appel en faveur de la dignité humaine. Après la 2e Guerre Mondiale, les philosophes en firent un mot à la mode et on parla alors d'humanisme marxiste et, entre autres, d'humanisme chrétien ; des notions qui n'impliquaient guère que le refus d'une société considérée comme inhumaine.