De la dignité humaine

         Un point de vue humaniste

            Pic de la Mirandole a été l’un des premiers, à poser les bases de l’humanisme. Il a été semble-t-il le premier à détacher la dignité humaine des influences surnaturelles pour la placer sous la responsabilité de l’être humain lui-même. On a pu considérer son discours sur la dignité de l’homme, comme la proclamation d’une charte de l’humanisme ; humanisme chrétien certes, mais rompant avec l’idée de l’impuissance et de la déchéance de l’être humain, répandue à l’époque par la doctrine de l’Église. Auprès de Marsile Ficin et sous la protection de Laurent le Magnifique, il fut l’un des plus actifs collaborateurs de l’académie platonicienne de Florence. Il a tenté de concilier la théologie avec la philosophie et la scolastique avec l’humanisme. En 1486 il lançait son fameux défi à tous les savants, pour une controverse sur ses neuf cents thèses[1], dont ne nous est parvenu que le manifeste, intitulé « De la dignité de l’homme ». Pour lui, l’homme est un être libre, artisan de son propre destin : il a reçu le privilège « d’être seulement ce qu’il devient et de devenir ce qu’il se fait ». Érasme, dans la même ligne philosophique, dira[2] : « L’homme ne naît pas homme, il le devient ! » C’est là, pour un humaniste de la Renaissance, que se situe la dignité de l’Homme.

Au 21ème siècle, ce jugement reste le fondement de la notion de dignité humaine. L’être humain doit être considéré à partir de sa liberté d’être et d’évoluer selon son choix. La liberté de l’individu c’est son autonomie, le fait de n’être le jouet d’aucune puissance extérieure dont il ne puisse se libérer, de n’être soumis à aucune autorité autre que librement acceptée. Sa dignité c’est aussi son droit d’accéder à plus d’humanité et de devenir vraiment humain par la culture.

Ainsi, pour commencer, nous poserons en principe que la dignité de l’être humain, est de choisir librement sa manière d’être et d’évoluer, et qu’elle est liée au respect de la liberté de l’individu et à son droit à la culture.

La notion de dignité est-elle relative ? Dépendante des usages et coutumes de chaque culture particulière ? Il est vrai que chaque culture privilégie des modes de comportement qui seront ici considérés comme honorables, et rejette d’autres manières pratiquées ailleurs et jugées déshonorantes. Toutefois dans un monde qui s’unifie, où les déplacements de plus en plus faciles se font plus nombreux et où les cultures se mélangent, il est indispensable d’avoir une conception de la dignité acceptable par tous les êtres humains quelle que soit leur culture.

La dignité humaine doit donc être jugée sur des critères se rapportant à ce que l’espèce humaine a en commun, universellement.

            Cette idée, d’une dignité de l’être humain indépendante des particularismes culturels, figure dans la déclaration universelle des droits de l’Homme, qui stipule dans son article 1er :

« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »

Cet appel à la raison, à la conscience et à la fraternité, donne à penser que serait indigne de l’être humain tout comportement déraisonnable, ou non évalué et approuvé par la conscience, ou encore, contraire à la fraternité humaine, qui exige d’avoir pour l’autre être humain de l’empathie et de la solidarité.

La suite du texte donne en 30 articles les conditions auxquelles cette égalité en dignité est soumise. On peut ainsi dire que la première définition universelle de la dignité, réside dans le respect des droits énoncés par cette déclaration. Toute atteinte aux droits universels de l’individu est une atteinte à sa dignité.

Dans son acception courante, la dignité de la personne humaine se mesure au respect qu’elle s’accorde à elle-même et qu’elle mérite recevoir de l’autre. Elle est liée au principe qui veut que l’être humain ne soit jamais traité comme un moyen, mais toujours comme une fin en soi. Selon ce principe[3], aucun être humain ne devrait jamais être traité comme un instrument, dont on se sert quand on en a besoin et qu’on rejette quand on ne s’en sert plus.

La dignité de l’autre être humain ne se mesure pas aux activités ou aux fonctions de la personne. Considérée comme un attribut de la nature humaine de l’individu, la dignité humaine est égale pour tous, ne connaît pas en principe de degrés et ne peut être ni acquise ni perdue. Le pire criminel reste un être humain, qui doit être traité dans le respect de sa dignité d’être humain.

Certains attachent le respect du à la dignité de la personne humaine au fait que l’on verrait Dieu en elle, ou à travers elle. Mais on a le droit de n’être pas croyant. La dignité, si l’on n’est pas croyant, est alors attachée à la considération due à l’universel humain, à ce que tout être humain porte en lui qui le distingue de tous les autres animaux. Ceci, quel que soit ce qui le caractérise et le différencie de ses semblables. Chaque Autre être humain est mon Semblable en humanité. Il mérite en cette qualité mon respect de sa dignité.

En résumé, la dignité de l’être humain réside en premier lieu dans sa liberté, c'est-à-dire son autonomie et son indépendance. Cette liberté est à considérer au regard de sa conscience, de ses pensées, de son expression et de ses mouvements. Et dans ces conditions :

Sa dignité exige de l’être humain une conduite raisonnée et la maîtrise de sa personne, de sa vie et de ses actes, entraînant sa responsabilité au regard de sa conscience, vis-à-vis de lui-même, de ses semblables et de son environnement.

Les critères de jugement de sa conscience, sont ceux qu’il doit acquérir par une culture humaniste, fondée sur la grande fraternité humaine. C’est là une règle de vie qu’il a le pouvoir de choisir et de développer tout au long de sa vie.

La dignité est à la fois ce qui justifie d’abord l’amour-propre et la considération que l’on a pour soi-même, mais aussi ce que l’autre doit respecter, ce à quoi personne ne doit porter atteinte.

La dignité personnelle est liée à la maîtrise de soi. Elle exige une conduite et des attitudes respectables. Elle part du respect de soi-même et se manifeste par un comportement raisonnable, retenu, noble, courageux, fraternel.

Respecter la dignité de l’autre, c’est s’interdire de le diffamer, de l’avilir de le déshonorer et surtout d’attenter à sa personne, physique, psychique, et intellectuelle, à tout ce qui fait de lui un être humain qu’il faut considérer comme son semblable.

Vue sous cet angle, la dignité de l’individu se joue essentiellement dans sa vie privée. C’est une question de comportement et de rapports interpersonnels.

Mais pour se rapprocher de la réalité quotidienne des rapports humains, on remarquera que la dignité de l’être humain en tant qu’être libre, artisan de son propre destin, peut dépendre de sa situation dans les divers domaines qui touchent son existence dans la vie en société, notamment au regard de l’économique, du sociétal et du politique.

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            Dans le domaine de l’économie, le travail et sa rémunération, la richesse et la pauvreté, la pratique de la solidarité, ont des répercussions sur la dignité humaine. Les conditions, dans la société ambiante, de la vie privée et de la vie publique, les règles de la vie associative et de la pratique religieuse ou communautaire, seront à examiner sous cet angle. En ce qui concerne l’organisation politique de la société, il faut évaluer le rapport des lois et des méthodes de gouvernement, au respect de la dignité humaine ; notamment les lois qui définissent les libertés et les devoirs des citoyens, en particulier dans les domaines du social, de la santé publique et de l’éducation.

La prospérité économique d’une société humaine est liée au travail de ses membres. La dignité de l’individu réside en premier lieu dans sa participation à la vie commune par une activité utile au groupe, à la société. Il est indigne de vivre en parasite ou en prédateur. Travailler, dans sa conception la plus large, consiste en effet à exercer une activité utile ; qu’il s’agisse de produire ou d’échanger des biens, d’organiser ou d’exécuter des services, y compris le service qui consiste à distraire et détendre les autres, et bien sûr aussi s’il s’agit d’organiser et diriger le fonctionnement de la société.

Il serait idéal que chaque individu puisse librement choisir et exercer l’activité qui lui convient et en vivre honorablement. La réalité est un peu différente.

En raison de la diversité des aptitudes et des conditions d’origine, confrontées aux besoins de la société, beaucoup d’individus sont obligés de proposer leur capacité de travail en se soumettant à une autorité qui les rémunèrera. Louer sa force de travail pour en vivre, est la condition de la plupart des humains. Dans cette situation, la sauvegarde de la dignité dépend en grande partie des relations humaines au sein de l’entreprise, ou plus généralement avec l’employeur. Pour que l’employé conserve sa dignité, il est essentiel qu’il soit considéré comme un participant utile à la fonction de l’entreprise et que les conditions de travail qui lui sont imposées ne soient pas dégradantes. L’employé ne devrait jamais être traité comme un simple moyen par celui qui a autorité sur lui.

Enfin pour que le travail préserve la dignité humaine, il doit être rémunéré suffisamment pour permettre un niveau et un genre de vie, au minimum acceptable dans la société concernée. La dignité des conditions de travail et la détermination de ce niveau minimum acceptable de rémunération, sont au centre des contestations et des luttes sociales, alors que cela devrait en démocratie pouvoir se régler pacifiquement par le débat et la loi.

La question du lien entre dignité et niveau de vie, conduit à se poser la question : richesse ou pauvreté, quel rapport avec la dignité ? La trop grande pauvreté, par rapport au niveau moyen de vie dans la société ambiante, crée une sorte d’indignité des conditions de vie. Mais en dehors de ces situations marginales de grande pauvreté, le niveau de richesse n’a pas de lien avec la dignité. En tout cas, contrairement à une opinion assez répandue, plus de richesse ne confère pas plus de dignité. Par contre, le fait de se servir de sa position de fortune pour mépriser ses concitoyens et se soustraire à la solidarité civique, ne serait-ce que par l’évasion fiscale, doit être considéré comme un comportement indigne.

Le niveau de fortune de l’individu joue évidemment sur sa vie sociale. Les uns et les autres ne fréquentent pas les mêmes clubs. Toutefois, dans une démocratie, l’espace public doit être le plus large et le plus ouvert possible, à égalité pour tous les citoyens. Et si nous admettons que la dignité humaine est liée à la capacité qu’à l’être humain de s’élever par l’accès à la culture, alors l’organisation sociétale doit être pensée dans ce sens.

En outre, la vie en société inclut la participation à des associations, éventuellement la pratique d’une religion, le rattachement aux usages d’une communauté, régionale ou d’origine ethnique. Le respect de la dignité de l’individu exige que ces activités puissent être exercées librement à titre privé et associatif, dans le respect des règles communes à toute la société, définies par la loi pour tous les citoyens.

La politique, on le voit, joue un rôle déterminant, par son influence sur les conditions d’une vie dans la dignité. Ce sont les lois, en fixant les règles du comportement légal du citoyen, dans sa vie privée comme dans sa vie en société, ainsi que par l’organisation de la vie économique et du fonctionnement de la société, qui déterminent les conditions dans lesquelles le citoyen aura la possibilité d’être le libre artisan de son propre destin. Les droits de l’homme ne se séparent pas des droits du citoyen. Le premier des droits de l’homme c’est d’être reconnu comme membre d’une communauté politique. La situation des apatrides, des migrants non accueillis et des sans-papiers, est de ce point de vue incompatible avec la dignité humaine.

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            Le pouvoir politique détermine le niveau de liberté des citoyens. Or pour être maître de son destin, l’être humain doit disposer de la plus large liberté. Dans une société totalitaire, sous une dictature, la dignité est mise en cause par le manque de liberté.

En complément, le pouvoir politique fixe aux citoyens leurs devoirs, liés à la solidarité de l’individu avec la société où il vit. Les devoirs de solidarité avec la communauté, limitent normalement la liberté individuelle.

Une société ultralibérale où la liberté de l’individu en vient à l’exempter du devoir de solidarité, voit se multiplier les comportements indignes au regard du devoir de fraternité humaine, notamment aux deux extrémités de l’échelle sociale, détruisant l’unité de la société.

L’unité de la société est une condition nécessaire à la vie des citoyens dans la dignité, car le sentiment d’estime de soi dépend aussi de l’intégration de l’individu à la société dans laquelle il vit. C’est pourquoi les règles fixées par le pouvoir politique, définissant la vie dans l’espace public, le respect de la vie privée et les libertés associatives, sont importantes. Il faut y ajouter les règles permettant l’exercice de la solidarité sociale dans les domaines de la santé publique, pour assurer le maintien de la dignité dans la maladie et face à la mort.

Enfin, le comportement digne du citoyen, tant envers lui-même qu’envers les autres, est largement conditionné par son éducation. Ce n’est que par une éducation lui ayant appris à raisonner son comportement et à rapporter ses actes au jugement de sa conscience, une éducation lui ayant donné aussi la connaissance de l’humain et l’habitude de la fraternité, que l’être humain peut se porter au niveau exigeant, de comportement civilisé, qu’appelle la dignité de sa condition humaine. Or on sait que le milieu familial n’est pas toujours capable de donner une éducation humaniste et citoyenne de niveau suffisant. Il est donc du devoir de la société, pour assurer son unité culturelle et civique, de prendre sa part de l’éducation des futurs citoyens. Pour aller dans ce sens, l’éducation du futur citoyen devrait lui apprendre à relativiser les commandements de son ego, en mettant en évidence le caractère d’animal social de l’être humain. Elle devrait aussi purger son esprit des préjugés, liés à la culture dans laquelle il est venu au monde, ou inculqués par son milieu familial, ou imposés par le milieu social dans lequel il vit[4].

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            Concernant les méthodes de gouvernement, la question du respect de la dignité humaine dans l’application des lois de la société, se pose au sujet des dérapages qui peuvent se produire, dans tous les domaines où un détenteur de l’autorité, politique ou administrative, serait tenté d’en abuser jusqu’à porter atteinte à la dignité des citoyens. C’est le rôle d’une justice indépendante, que de veiller au respect des droits inaliénables de l’être humain, tels qu’ils sont définis par la déclaration des droits de l’homme.

Des dérapages de cet ordre, et de la plus grande gravité, sont possibles en particulier dans les actions conduites par la force publique, pour la sécurité et la défense de ses citoyens ; et cela, même dans une société qui se veut civilisée et démocratique. En France, la presse, les média, se font fréquemment l’écho d’inquiétudes de l’opinion publique, relativement au respect de la dignité humaine dans les domaines qui touchent ces questions de sécurité et de défense : recherche et identification des menaces par les organes de renseignement ; répression de la délinquance ; maintien et rétablissement de l’ordre public ; réduction des menaces intérieures ; actions de force contre les menaces extérieures.

Dans toutes ces actions il y a un double danger de détérioration de la dignité humaine : 1- le non-respect de la dignité du citoyen en faute, rabaissé au-dessous de sa condition humaine, 2 – la dégradation de la dignité des agents de l’autorité par un comportement indigne.

Les agents de l’autorité, intervenant dans ces domaines de la sécurité et de la défense, seuls en principe habilités à procéder à des investigations sur les personnes et à user de la force, voire de la violence, pour contraindre les citoyens à l’obéissance aux lois, peuvent par leur zèle, leur recherche d’efficacité, et parfois par des motivations plus troubles tenant aux côtés obscurs de leur psychisme, être entrainés à commettre des actes portant atteinte à la dignité humaine, de celui qu’ils ont identifié comme un délinquant, voire un ennemi, ou simplement suspect de l’être.

Pour éviter ces dérapages, il est indispensable que leur action reste placée sous le contrôle d’une autorité, chargée d’assurer la légalité de la conduite de ces activités. Mais cela n’est bien sûr possible, qu’à la condition que le pouvoir politique exerçant l’autorité, soit celui d’une démocratie, organisée selon le principe de la séparation des pouvoirs, dotée de lois humanistes et décidée à les faire respecter par une justice indépendante. Quand l’action est conduite sous l’autorité d’un pouvoir plus ou moins dictatorial peu soucieux d’humanisme, ou même quand un pouvoir démocratique se sentant aux abois se relâche sur les principes, les agents de l’autorité chargés de l’action de sécurité et de défense, peuvent être portés à employer des moyens contraires à la dignité humaine. Voire en recevoir l’ordre : (Il suffit de se remémorer les conditions établies sous le régime de Vichy au cours de la 2ème Guerre Mondiale.)

C’est alors au respect de sa propre dignité que l’exécutant est confronté… Il est dans ce cas du devoir de chaque individu de se conduire de façon courageuse, en refusant d’attenter à la dignité humaine et si nécessaire de refuser d’obéir à des ordres contraires. En bref il faut reconnaître là un devoir de résistance.

Toutefois il ne faut pas minimiser la faiblesse humaine qui, dans cette situation, retiendra le plus grand nombre, devant le courage nécessaire à l’accomplissement d’un tel devoir. Tout d’abord comme l’explique La Boétie[5] dans son traité de « La servitude volontaire », tous « ceux qui sont tachés d’une ardente ambition et d’une notable cupidité », se mettront au service du pouvoir « pour avoir part au butin ». Enfin, devant le danger, pour survivre, pour protéger les siens, il y aura cette forte tentation de se soumettre, de se résigner, d’obéir… Ces conduites de soumission et de servitude volontaire, seront d’autant plus fréquentes et considérées comme normales, qu’elles seront ancrées dans les conduites individuelles par l’éducation reçue et les normes en vigueur dans la culture ambiante.

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            En conclusion, pour que les citoyens aient le réflexe du respect de la dignité humaine et l’idée de résister, ne serait-ce que passivement, aux tentations de soumission et de servitude, il faut que l’éducation qu’ils ont reçue, les y ait préparés et que la culture dans laquelle ils vivent, compte la dignité humaine parmi ses valeurs capitales.

Il semble bien que la condition nécessaire, essentielle, d’une éducation au respect de la dignité humaine, soit la diffusion d’une culture humaniste dans une société assurant la liberté absolue de conscience.

            Cependant pour désarmer les sceptiques, il faudrait répondre de façon exhaustive à un grand nombre de questions, qui peuvent être posées au sujet du respect de la dignité humaine.

L’universalité de la notion de dignité humaine est contestée au nom de la relativité de l’honorabilité des comportements selon les cultures. Comment conduire les esprits à faire la distinction entre la dignité humaine, critère fondamental universel, qui distingue l’homme de la chose et de l’animal, et les considérations particulières accessoires sur les bonnes manières ?

L’appel à la raison, à la conscience et à la fraternité, trouve des objections chez les relativistes postmodernes. Pourquoi la raison devrait-elle toujours l’emporter sur l’émotionnel ? Comment la conscience peut-elle résister à la domination des passions et des préjugés ? Comment s’obliger à la fraternité ? Le sentiment de fraternité peut-il se commander ? Résoudre le conflit entre l’émotion et la raison par appel à l’éthique ! Quelle éthique ? Celle de la culture humaniste ! Est-il possible de définir une morale sans faire aucune allusion à la transcendance ?

Comment une société devrait-elle s’organiser pour offrir à tous ses citoyens la possibilité de s’élever par l’accès à la culture humaniste ?

Considérer que la dignité humaine exige que chacun ait une activité utile à la société, et affirmer que la dignité humaine ne dépend ni de la fortune ni de la position sociale ! Est-ce justifié ? N’y aurait-il donc pas, plus de dignité dans les fonctions intellectuelles que dans les travaux manuels ? Pourquoi la citoyenneté serait-elle un élément de la dignité ? Comment justifier l’affirmation que la solidarité sociale a un rapport avec la dignité ? Enfin, la soumission à l’autorité établie et le dévouement au service de l’État ne sont-ils pas des valeurs ? Et au contraire, l’insoumission et la rébellion ne sont-elles pas des comportements indignes ?

Faire respecter cette notion de dignité humaine, c’est une question d’organisation de la société par la loi, sous un régime politique fondé sur l’humanisme ; c’est édifier une société dans laquelle tout le monde a un rôle à jouer, les média en particulier ! Alors ce n’est possible qu’à la condition que chacun en ait assimilé la conviction. C’est donc une question d’éducation. Mais quelle éducation ? Que faudrait-il exiger de l’École ? L’École peut-elle suffire ? Faudrait-il comme certains le suggèrent rétablir un service national civique et de défense ?

Claude J. DELBOS

 

[1] Intitulées : « De omni rescibili (Conclusiones philosophicae, cabalisticae et theologicae) »

[2] Cité par Jean-Claude Margolin, Encyclopaedia Universalis, article : Pic de la Mirandole.

[3] Énoncé par Emmanuel Kant,

[4] Voir ce que disait Francis Bacon en 1620 dans son « Novum Organum »

[5] Étienne de La Boétie, « La Servitude Volontaire » arléa, « retour aux grands textes ».

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