La morale[i] est le point commun entre spiritualité, laïcité et humanisme ! La spiritualité, telle qu'elle est communément comprise, c'est en effet la recherche d'une morale émanée de la transcendance ; la laïcité, c'est l'élaboration démocratique, hors de toute transcendance religieuse, d'une morale du comportement dans la vie sociale ; et l'humanisme, c'est la définition d'une morale centrée sur le bien de l'homme et de l'humanité.
Mon propos sera axé sur l'humanisme. Je m'attacherai donc d'abord à définir ce qu'il faut entendre par humanisme, avant d'explorer les liens entre humanisme, laïcité et spiritualité.
*
* *
Le terme d'humanisme ne date en réalité que de la seconde moitié du 19e siècle ; il fut alors utilisé pour qualifier le mouvement intellectuel de la Renaissance, marqué par la redécouverte des écrivains de l'antiquité gréco-latine. L'humanisme de la Renaissance peut être caractérisé par ce titre, du célèbre discours de Pic de la Mirandole : « De la Dignité de l'Homme[1] » et cette phrase du texte :
« J'ai lu dans les livres des Arabes, qu'on ne peut rien voir de plus admirable dans le monde, que l'homme ».
Et c'est en effet à l'avènement d'un modèle de perfection humaine que tendait la méditation et l'action d'humanistes comme Pétrarque, Marsile Ficin, Pic de la Mirandole, Érasme, Thomas More, Lefèvre d'Étaples, Budé, Rabelais, Montaigne...
Par réaction contre le dénigrement de l'humain, dans la culture judéo-chrétienne, conséquence de la culpabilisation liée au mythe du péché originel, la Renaissance a osé relever la dignité de l'homme, le réhabiliter, et le mettre en valeur en s'inspirant de l'antiquité gréco-latine.
Quelques idées philosophiques fortes se dégagent des écrits des humanistes de la Renaissance.
- La première idée à retenir est celle de l'approfondissement de la connaissance de la nature de l'être humain, de son corps comme de son esprit ; et des sociétés humaines. La connaissance de l'humain était, pour les humanistes, le point de départ de toute philosophie.
Dans cet esprit ils allaient à la recherche d'un fonds éthique universel, commun à tous les êtres humains, qui serait plus ancien et plus profond que toutes les religions ou philosophies, et qui permettrait de relier les hommes au-delà de leurs différences ; quelque chose comme une tradition immémoriale[2], enfouie au plus profond de la conscience humaine.
Il devait en découler une pacification des sociétés humaines par la tolérance pour des idées religieuses diverses, et l'établissement d'une justice plus équitable.
- La construction d'une humanité plus juste et plus pacifique apparaît comme un objectif proposé, par les humanistes en général, mais en particulier par Érasme, Thomas More, et les humanistes français.
- La grande idée des humanistes était celle de la marge de liberté laissée à l'homme pour agir par lui-même sur sa destinée. C'était une réaction contre la conception purement passive d'une vie humaine entièrement déterminée par la grâce de Dieu, ou par les astres. Pour Pic de la Mirandole, l'homme a reçu le privilège d'« être seulement ce qu'il devient et de devenir ce qu'il se fait ».
À cela Érasme ajoutait : « on ne naît pas homme, on le devient ».
- Une autre idée, d'ailleurs liée à la liberté de l'homme lui donnant la possibilité d'agir sur son destin, était l'affirmation de la légitimité de la recherche du bonheur dans cette vie, en opposition à la conception religieuse de la vie sur terre, vue comme une punition dont il fallait subir les épreuves, pour espérer la félicité dans l'autre vie. C'est ce qui apparaît à la lecture de l'Éloge de la Folie d'Érasme, dans les œuvres de Rabelais et dans les Essais de Montaigne.
- L'idée de reconnaître à la raison de l'homme son domaine, celui des réalités de ce monde, transparaît dans pratiquement tous les écrits humanistes, avec pour résultat de mettre en doute certaines explications religieuses traditionnelles, érigées en dogme, ainsi que l'enseignement d'Aristote tel qu'il était présenté par la scolastique.
- Le grand changement proposé par les humanistes portait sur l'éducation. Il s'agissait, comme le voulait Érasme et comme l'expliquait d'une autre façon Rabelais, de s'orienter vers une éducation « libérale » de la jeunesse, fondée sur une relation de confiance entre le maître et l'élève, et s'attachant à développer les qualités du corps comme celles de l'esprit.
Il importait aussi d'étendre l'éducation à tous, car, disait Érasme : « le monde de l'homme c'est celui de la culture et non celui de la nature ».
En premier lieu, il était question de permettre à chacun de juger par lui-même des enseignements du Livre Sacré, ce qui allait ouvrir la voie à la Réforme.
- Les humanistes de la Renaissance ont suggéré la notion de roi philosophe, et imaginé l'utopie collectiviste, ouvrant ainsi la voie à la réflexion critique dans le domaine politique ; ce qui devait conduire à la mise en cause de l'autorité de droit divin.
- Enfin, La Renaissance, en réactivant le lien avec la culture de l'antiquité, a ouvert une perspective philosophique, plus tard qualifiée d'Humanisme, consistant à prendre pour fin la personne humaine et son épanouissement, en s'attachant à sa mise en valeur par les seules forces humaines.
Et en effet, l'humanisme, tel qu'il peut être compris à partir des œuvres des humanistes de la Renaissance, est la recherche d'un modèle de perfection humaine : d'ordre éthique chez les moralistes, les pédagogues et les philosophes ; d'ordre esthétique chez les artistes, et d'ordre social chez les juristes et les politiques.
Partant de là l'humanisme philosophique, appelé à servir de fondement à l'éthique et au comportement moral, consiste à faire de l'homme le principe premier, sinon unique, donnant sens et valeur à toute chose.
Il s'agit bien de la recherche d'une définition de la morale, centrée sur l'homme et permettant de dépasser les différences de religion.
Le concept d'humanisme issu de la Renaissance n'est donc pas périmé. Il reste le fondement indispensable de toute conception d'un avenir pacifique et de progrès pour l'humanité.
*
* *
La laïcité découle de l'humanisme ; car dans un premier temps les humanistes prônaient la tolérance religieuse, ouvrant ainsi la voie à la liberté de conscience.
La laïcité, est donc l'aboutissement d'une longue histoire que nous ne retracerons pas ici.
Telle qu'elle est comprise aujourd'hui en France, au moins par les républicains, c'est une conception politique fondée sur le principe de la liberté de conscience.
Pour aller un peu plus loin, tentons une définition de ses objectifs :
- Assurer à tous la liberté absolue de conscience, de pensée, d'expression, et tolérer en matière de conceptions métaphysiques toutes les religions ; mais n'obliger les citoyens à l'observation d'aucune religion particulière, et accepter qu'ils puissent ne pas en avoir et être athées ou agnostiques.
- Mettre la société et son gouvernement à l'abri des pressions d'un groupe, fut-il majoritaire, qui porterait atteinte à cette liberté ;
- Séparer clairement le pouvoir politique temporel de l'État, du pouvoir religieux spirituel des Religions.
- Confiner la pratique religieuse au domaine privé et associatif.
- Proscrire et réprimer les manifestations de prosélytisme, susceptibles de nuire à l'unité, à la cohésion et à la paix de la société.
- Définir par la loi des règles de comportement, indépendantes de toute référence religieuse.
- Former les futurs citoyens au respect du principe de laïcité par un enseignement public, obligatoire et laïque.
Avec la laïcité, il s'agit bien de l'élaboration démocratique, hors de toute transcendance religieuse, d'une morale du comportement social.
Mais la morale est avant tout affaire privée.
Or les religieux considèrent que la laïcité encourage l'indifférence envers la religion, et que l'homme sans religion devient fatalement un homme immoral. Car l'individu ne pourrait être porté à une vie morale, que par la fonction supérieure de l'âme humaine qu'est la spiritualité, inspirée par la religion.
Dans ces conditions, une vie morale sans religion, fondée sur une spiritualité laïque, est-elle possible ?
*
* *
Qu'est-ce que la spiritualité ? Prenons pour définition générale que la spiritualité est la vie ou l'activité de l'esprit. Il s'ensuit évidemment que la nature de la spiritualité découle de la nature de l'esprit. C'est donc par là qu'il faut commencer : Quelle est la nature de l'esprit ?
Dieu lui-même serait pur esprit. Le mot esprit a d'abord désigné son souffle vital, « le principe qui fait être », principe immatériel, substance incorporelle. Par extension, tout être incorporel, supposé vivre en dehors du monde matériel, est qualifié d'esprit ; et l'esprit humain, siège de la pensée et de la vie intellectuelle, serait immatériel et d'essence surnaturelle.
Depuis qu'il pense, l'être humain s'est imaginé qu'une chose immatérielle, le siège de sa pensée, la partie supérieure de son âme, son esprit, pourrait peut-être échapper à la destruction et poursuivre au-delà de la mort son existence, ailleurs et autrement ?
L'esprit constituerait ainsi la véritable personne humaine. Il aurait sa vie propre, et devrait préparer dans ce monde sa vie éternelle dans l'autre. Cela en gouvernant le corps dans le sens des volontés divines. La spiritualité, qui qualifie la vie de l'esprit, aurait ainsi pour fonction, d'assurer, par une vie morale, la réalisation de l'espérance d'une immortalité heureuse.
Rappelons que les philosophes, depuis l'antiquité, ont exercé leur raisonnement, sur ce problème de la nature de l'âme, ou de l'esprit, et de la survie de l'esprit après la mort.
- Pour Platon l'individu n'est qu'une âme, provisoirement installée dans le corps, d'un être conçu comme un microcosme, un modèle réduit de l'univers ; l'univers lui-même étant doté d'une âme et d'un corps. Ce n'est là qu'une expression philosophique du point de vue religieux.
- Épicure opposa à Platon sa philosophie de la recherche du bonheur de l'être humain. Il s'est insurgé contre les chaînes de la religion et de la superstition. Pour lui, l'âme et l'esprit sont corporels, et l'âme meurt en même temps que le corps.
Épicure est le véritable père du matérialisme. Montaigne, les libertins du 17ème siècle et Voltaire, furent influencés par le poème « De la Nature », ce manifeste de l'épicurisme matérialiste écrit par Lucrèce, le vulgarisateur romain d'Épicure.
- Les Stoïciens, de Zénon à Marc-Aurèle, par leur philosophie à la fois doctrine et style de vie, ont exercé en Occident une grande influence sur la morale. Les trois parties de la philosophie stoïcienne, la physique, la morale et la logique, s'articulent autour d'un même principe : le logos. Le logos pénètre les phénomènes de la nature, détermine la rectitude de la conduite et assure la cohérence du discours. Le logos, qui signifie à la fois le principe, la raison et la parole, peut être compris comme le verbe de Dieu. Les stoïciens ne répudient donc pas la divinité, même si leur physique est matérialiste.
- Descartes, à partir du constat que je suis la chose qui pense, en déduit que Dieu existe et que l'âme n'est pas dans le corps. L'être humain est selon lui l'union temporaire de deux substances : l'une spirituelle et l'autre matérielle. Après Platon, c'est une autre expression de la conception duale du monde et de l'être humain.
- Spinoza, a tout de suite contesté le dualisme de Descartes. Pour Spinoza, la substance est unique. Ses deux modes étant la pensée et l'étendue. Spinoza définit Dieu comme la substance unique. Et il affirme que le spirituel ne se détache pas du corporel, ruinant par là l'Espérance religieuse d'une survie de la personne, dans la substance immatérielle que serait l'esprit.
Nous pourrions poursuivre avec des philosophes modernes, et nous constaterions que les opinions se partagent toujours entre spiritualistes et matérialistes.
Ainsi, suivant l'idée que l'on se fait de la nature humaine ; soit que l'on pense qu'elle est duale et comporte un esprit immortel ; ou bien que l'on soit moniste, considérant que l'esprit est une manifestation de la vie qui s'éteint avec la mort, la spiritualité change de signification.
*
Alors, comment faut-il concevoir la spiritualité ? Quelle orientation donner à la vie de l'esprit ? C'est-à-dire à l'activité de la chose qui pense. S'agit-il de préparer la survie de l'âme, en cultivant les vertus susceptibles de la rapprocher de Dieu ? Ou bien seulement, de cultiver au plus haut point toutes les fonctions de l'esprit humain ?
L'activité de la chose qui pense peut être différenciée en fonction de l'objet auquel s'applique la pensée. En gros on peut considérer que lorsque la pensée s'applique à comprendre la Nature, et la nature physique des choses, il s'agit d'une activité intellectuelle qui doit obéir aux règles de la raison et de la science. En général, dans ce cas on ne parle pas de spiritualité.
Par contre, quand la pensée cherche à se former une conception de choses qui échappent au raisonnement et à la science, quand elle cherche des réponses aux questions métaphysiques, quand au-delà de : « Comment ce monde fonctionne-t-il ? », elle essaie d'apporter des réponses à : « Pourquoi les choses sont-elles ainsi ? » C'est alors que l'on parle de spiritualité. Et c'est à ces questions que les religions, traditionnellement, donnent des réponses.
Le prêt à penser religieux, qui est en général tranquillisant, peut en effet fournir des réponses aux questions angoissantes, suscitées par la réflexion sur les problèmes métaphysiques.
Mais certains individus veulent se faire une conviction personnelle. Considérant que la faculté de penser ne se délègue pas, ils cherchent par eux-mêmes. Ce qui n'exclut d'ailleurs pas de trouver une convergence avec une religion. La recherche d'une intuition répondant aux questions métaphysiques, c'est là, véritablement, la spiritualité ; une intuition qui ne peut advenir que par l'effet d'une inspiration. Cette inspiration, certains pensent qu'elle provient de l'extérieur, c'est-à-dire pour simplifier : du ciel, qu'elle est du domaine de la transcendance. D'autres considèreront qu'elle vient de l'intérieur, qu'elle émane de la synthèse des expériences et des connaissances, justes ou fausses, conscientes ou inconscientes, accumulées au long de la vie ; qu'elle est du domaine de l'immanence.
*
À partir de là, quelle place pour la spiritualité dans une société laïque ? Rappelons que la spiritualité est l'activité de l'esprit appliquée aux questions métaphysiques et qu'elle ne peut pas produire de certitudes, qu'elle ne peut aboutir qu'à des convictions ; des convictions qui peuvent : soit être empruntées à une religion, soit être élaborées par une réflexion personnelle.
Mais on se souviendra que l'assimilation de la conviction métaphysique à la Vérité, conduit à la guerre des religions.
D'où l'idée de préconiser, dans une société laïque, la liberté absolue de conscience. Le premier niveau d'une conception laïque de la spiritualité, consiste par conséquent dans la reconnaissance, et la tolérance, de la liberté absolue de conscience.
La laïcité est en effet la traduction, dans les règles de la vie de la société, du principe qui veut que la religion reste une affaire privée ou associative. Il s'agit donc d'éliminer le religieux de tout ce qui est du ressort des décrets politiques de la vie publique ; cela dans une société où les citoyens sont libres de leurs choix métaphysiques, c'est-à-dire de leur spiritualité : leur liberté de conscience étant garantie. Une liberté de conscience qui ne peut être respectée dans les faits qu'après une éducation de la jeunesse à la tolérance, par un enseignement laïque...
*
Il reste à se poser la question de savoir si, en l'absence de religion, une vie privée peut être morale, et si l'athée ou l'agnostique peuvent prétendre à une spiritualité ?
Si nous acceptons de définir la spiritualité comme l'activité de l'esprit appliquée aux questions métaphysiques, et si nous admettons qu'elle ne peut pas produire de certitudes, alors nous devons accepter comme une démarche de spiritualité : toute réflexion s'exerçant dans ce domaine, la métaphysique, échappant à la vérification scientifique.
Toute forme de réflexion sur les questions métaphysiques, même indépendante des dogmes religieux, est spiritualité ; qu'elle soit gnostique, agnostique, ou même athée et laissant sans réponse les questions les plus angoissantes.
Nous pourrons ainsi qualifier de spiritualité laïque : Une pensée qui étudie les problèmes posés par les questions métaphysiques, en tenant compte de toutes les données établies par la science, pour se faire une conception hypothétique personnelle, sans chercher à l'ériger en vérité universelle.
La qualification de spiritualité, est déterminée par la nature des questions qui occupent la pensée, et non par les réponses qui leur sont données. Le caractère laïque des réponses, est ici traduit par le « jugement » d'une conscience libre, « indépendante de toute religion ». La morale qui en découle est alors une morale laïque, c'est-à-dire une sagesse, élaborée à partir d'une science de la vie fondée sur l'humanisme.
*
Ainsi la philosophie humaniste qui doit fonder la morale publique imposée par la loi, en application du principe de laïcité, doit également être à la base de la morale privée de toute personne refusant de s'en remettre à la religion.
Qu'en est-il de l'humanisme en ce début de 21e siècle ? Contre la régression vers l'obscurantisme du recours au surnaturel dévalorisant la raison, et le relativisme généralisé mettant en cause l'universalité des valeurs morales, il est nécessaire de réaffirmer la valeur de l'humanisme et d'en préciser les exigences dans le monde moderne. La première étape, incontournable, dans la démarche humaniste, est une réflexion sur l'être humain à partir de ce que la science peut nous apprendre. L'humanisme commence par l'acquisition des connaissances scientifiques susceptibles d'aider à comprendre l'humain, à se comprendre soi-même et à comprendre l'humanité.
Il faut ensuite insister sur l'indissociabilité de trois composantes de la doctrine, que sont :
La volonté d'autonomie de l'individu.
La finalité humaine qui doit être celle de tous les actes.
L'universalité des principes qui doivent régir la morale publique.
Dans cet esprit humaniste, les lois de la société, tout comme l'éducation, devraient :
-Assurer le progrès de l'être humain, dans ses qualités intellectuelles et physiques comme dans sa santé psychique et ses conditions matérielles de vie ;
-Promouvoir l'autonomie de l'individu, tout en appelant sa conscience sur l'obligation de finalité humaine de ses actes ;
-Rechercher la paix et le progrès de l'Humanité par le développement de la solidarité à tous les niveaux d'organisation des sociétés humaines ;
-Proclamer l'universalité des principes sur lesquels doivent reposer les lois de la vie en société ; et en particulier :
-Universaliser l'esprit de laïcité, laissant à chacun sa liberté absolue de conscience et reconnaissant tous les individus comme citoyens à égalité, tout en tolérant à titre privé les croyances religieuses et les traditions culturelles, dans la mesure où elles ne contreviennent pas aux principes humanistes dont doit s'inspirer la loi commune.
*
* *
Les principes d'une éthique humaniste sont encore à mettre au clair et à écrire. Mais la laïcité, consistant à éliminer le religieux de la vie politique tout en garantissant la liberté de conscience, conduit logiquement à une conception humaniste de la spiritualité. C'est-à-dire à laisser au citoyen le choix de sa propre spiritualité, et même, le droit de ne pas en avoir, pourvu qu'il respecte le comportement humaniste prescrit par la loi. Et on peut conclure qu'une vie morale sans religion, fondée sur une spiritualité laïque et l'humanisme, est possible !
Il reste à savoir dans quelle mesure une telle attitude laïque, prônant une morale sociale humaniste, dépend de l'éducation reçue au cours de l'enfance et de la jeunesse ?
Claude J. DELBOS
[1] « De dignitate hominis » (1486)
[2] Certains parleraient de « tradition primordiale ».
[i] Éthique et Morale : Toute société a besoin de lois fondées sur une certaine idée du bien.
- Éthique : Science de la morale, art de diriger la conduite. Ouvrage philosophique traitant de cette science, qui prend pour objet les jugements appréciant les actes bons ou mauvais.
- Morale : Théorie normative de la conduite humaine, à partir d'une définition du bien et du mal.
L'éthique est personnelle, fondée sur la raison et universelle. La morale est sociale, fondée sur des usages et spécifique d'une culture. Dans les deux cas il s'agit de règles de comportement, destinées à assurer la domination du bien sur le mal. Mais pour l'éthique, le bien et le mal sont déterminés par la raison, indépendamment de toute référence religieuse ou culturelle, alors que pour la morale, la référence est culturelle, et généralement dictée par une religion au nom d'une divinité.